Conseil & métiers du chiffre
Le monde de l’expertise comptable connaît une transformation profonde. Rachats, concentration, arrivée de fonds d’investissement : la financiarisation du métier s’accélère. Les cabinets indépendants doivent repenser leur positionnement pour rester attractifs et rentables.
Les cabinets attirent de plus en plus les investisseurs pour une raison simple : ils génèrent des revenus récurrents, disposent d’une clientèle fidèle et s’appuient sur des process standardisables.
Selon le Conseil supérieur de l’Ordre, la France compte aujourd’hui plus de 19 000 sociétés d’expertise comptable et environ 21 600 experts inscrits. Un vivier qui représente plus de 175 000 salariés (Xerfi, 2024). Cette taille de marché, encore très atomisée, ouvre la voie à des opérations de concentration.
Et les fonds ne s’y trompent pas : en 2025, le groupe Archipel a annoncé un investissement de 50 millions d’euros pour fédérer des cabinets, combinant consolidation et innovation métier (Compta Online, 2025). C’est un signal fort : le marché attire désormais des capitaux lourds, bien décidés à transformer la profession.
Les effets sont déjà visibles dans les cabinets rachetés ou financés :
À grande échelle, cette logique industrielle ressemble à une course à la productivité. Mais est-ce vraiment ce que recherchent les dirigeants de TPE-PME, qui attendent avant tout écoute, confiance et accompagnement ?
L’article 2 de l’ordonnance fondatrice du 19 septembre 1945 définit clairement la mission de l’expert-comptable : établir, tenir, surveiller et redresser les comptabilités des entreprises, et apprécier leur régularité. Le texte ajoute que l’expert-comptable peut aussi exercer des missions de conseil, mais uniquement comme activité accessoire à son cœur de métier.
C’est là que naît le dilemme actuel :
Autrement dit, le texte de 1945 n’est plus tenable tel quel face aux enjeux de 2025. Les cabinets doivent arbitrer entre respect historique et adaptation stratégique.
Les indépendants ne rivaliseront jamais en puissance financière avec les grands groupes, mais ils gardent des cartes maîtresses :
Les missions cœur – tenue, révision, fiscalité – sont de plus en plus automatisées et soumises à une forte pression tarifaire. Elles ne suffisent plus à différencier un cabinet.
L’avenir repose sur la capacité à accompagner les dirigeants sur leurs enjeux :
En d’autres termes, à passer du rôle de “teneur de comptes” à celui de bras droit stratégique du dirigeant — une évolution qui dépasse l’esprit de 1945, mais que le marché impose.
Selon Interfimo, acteur de référence du financement des professions libérales (filiale du Crédit Agricole), la valeur moyenne des cabinets se situe autour de 87 % du chiffre d’affaires HT, avec un multiple d’environ 2,8 fois l’EBE retraité (étude 2023 sur 240 transactions). Ces données, toujours d’actualité en 2025, montrent que les acquéreurs privilégient les cabinets structurés, digitalisés et capables de proposer une offre de conseil.
Il définit la mission de l’expert-comptable comme centrée sur la comptabilité (établir, tenir, surveiller, réviser). Le conseil est autorisé, mais uniquement comme activité accessoire.
Parce que les missions traditionnelles sont de plus en plus automatisées et soumises à une pression tarifaire. Pour rester compétitifs, les cabinets doivent diversifier leurs offres, notamment dans le conseil stratégique.
D’après Interfimo, la valeur moyenne d’un cabinet est d’environ 87 % du chiffre d’affaires HT, avec un multiple de 2,8 fois l’EBE retraité.